Gospel-Jazz : Un genre différent

Gospel-Jazz : Un genre différent

Un des chemins de réconciliation souvent négligé dans les débats sur l’adoration est de trouver des genres musicaux contemporains, avec de racines profondes dans le passé, des genres qui ont une profondeur, et qui néanmoins peuvent être appris et chantés par l’église. En dépit de l’influence marquée que la musique chrétienne contemporaine exerce sur l’église américaine, il est surprenant de constater la confusion qu’il existe concernant la voie du futur. Je vous suggère un excellent endroit où regarder : le Jazz!

La guerre concernant le Jazz

Depuis son commencement, le Jazz a suscité la controverse. On a dit de lui qu’il était sensuel et non esthétique. Cette vision s’est enracinée à la fin du 19e siècle quand certains américains, peut-être conscients de leur manque de racines, ont essayé de trouver des façons d’être plus à la page par rapport à la musique dite « civilisée ». D’ailleurs, le philosophe anglais Matthew Arnold disait que la culture devait toujours représenter « le meilleur des pensées et des paroles du monde » et être contre « faire les choses toujours de la même manière ». À partir des années 1920, le Jazz est devenu plus accepté, mais on peut lire encore des phrases comme celles-ci tirées du New York Times : « le Jazz n’est ni plus ni moins que la distorsion de tous les principes esthétiques. »

L’Église a ses propres raisons de rejeter le Jazz. Premièrement, il a été joué souvent dans des endroits douteux, clubs, bars et autres endroits nébuleux. Ensuite, les paroles du Jazz (et de son cousin germain, le Blues) parlent souvent de la vie amoureuse ou du mauvais côté de l’humanité, ce qui lui donne une apparence profane. De plus, la musique est vivante, exotique ou combinée avec la danse et la participation de l’auditoire d’une manière peu familière à
plusieurs personnes de race blanche.

Un son spirituel authentique

Cette réaction, bien que compréhensible, est erronée. Les origines véritables du Jazz se trouvent dans la musique des esclaves noirs. La plupart de celle-ci était sacrée. Les chants qu’on appelle « spirituals » sont nés au sein de l’église invisible, chantés par des Africains qui se rencontraient dans des lieux secrets pour adorer Dieu de façon à ce que le propriétaire des esclaves ne s’aperçoive pas d’une chose inacceptable pour lui : des noirs devenant chrétiens.
Quand les esclaves ont été dans les églises blanches, durant les grands réveils par exemple, ils ont appris une technique où les psaumes étaient chantés de façon antiphonale, et très lentement. Cela leur rappela la musique de l’Afrique de l’Ouest, et ils se sont inspirés de cette technique pour nous donner les hymnes « soul » qui se sont éventuellement développé dans la musique Gospel au sein des églises des gens de couleur.

Les « spirituals » avaient pour thème la souffrance, mais ils regardaient toujours à Dieu pour de l’aide. Il y avait de la misère profonde, mais aussi une grande espérance. Cette attitude a influencé le Blues et aussi le Jazz. Toutefois, il y a toujours eu une relation complexe entre le chrétien africain-américain et le musicien Jazz. Musicalement, la structure de base et les sonorités sont les mêmes à la fois pour les genres sacré et profane. Bâti sur la fondation de
cette pulsation élusive qu’on appelle le Swing, la musique Gospel et le Jazz utilisent toutes deux des sonorités modales (« notes de Blues ») et de l’improvisation mélodique qui imite le style des prédicateurs noirs. Les plus importants des plus premiers musiciens Jazz ont grandi en allant à l’église. En dépit de cela, il a été souvent dit que les chanteurs Blues et les musiciens Jazz ne pouvaient pas être des chrétiens. Après tout, le Blues parlait de la dureté de la vie, des chagrins d’amour, des problèmes d’argent, et avaient peu affaire avec les considérations spirituelles.

C’est évidemment, une sérieuse erreur. C’est une grave erreur théologique que de penser que le Christ n’est pas préoccupé par l’argent et les amies de cœur. En fait, cette attitude a éloigné quelques musiciens Jazz (et plusieurs musiciens Rock) encore plus loin de l’Église. Apparemment, le Blues n’est pas une musique d’adoration, car on ne peut chanter au sujet d’un amour perdu à l’église. Le Jazz pour le pur divertissement ne convient pas non plus au culte d’adoration. Toutefois, la connexion est plus profonde que la séparation apparente. Les « spirituals » et le Blues (et le Jazz) commencent avec une profonde misère, la servitude du péché, et terminent avec un grand espoir, la gloire de l’évangile. Comme James Cone aime le dire : Je suis le Blues, et ma vie est un « Spiritual ».

L’utilisation du Gospel-Jazz dans l’église

C’est simplement à cause de sa connexion historique que le Jazz est conçu et prêt pour que l’Église le découvre et l’utilise maintenant. On a uniquement besoin de prendre ses ingrédients et les arranger en chants d’adoration, chants de confession et chants d’édification. Plusieurs musiciens Jazz l’ont delà fait. Duke Ellington, un des plus grands compositeurs de l’Amérique, a écrit trois concerts sacrés, qui contiennent des chefs d’œuvre comme par exemple « Come Sunday, » « Heaven, » et « Almighty God Has Those Angels. » Il a aussi arrangé « the Lord’s Prayer »
de différentes façons. Dave Brubeck a écrit pas mal de musique sacrée, incluant le très bel hymne « Lord, Lord. » Donald Byrd nous a donné « Cristo Redentor. » Mary Lou Williams, la plus grande pianiste féminine du Jazz, a écrit une Messe qui est remplie de merveilleux Gospel avec une atmosphère Jazz. Elle a aussi écrit le « Black Mass of the Andes, » une suite chorale. John Coltrane nous a donné un cycle entier de musique sacrée, incluant « A Love Supreme. » Monty Alexander a écrit « Renewal, » qui a été récemment adapté à la poésie de John Donne. Plus
récemment, la grande chanteuse de Philadelphie Ruth Naomi Floyd a écrit des partitions de Gospel-Jazz solo, plusieurs d’entre elles sont appropriées pour le culte de l’église.

Bien sûr, une autre possibilité est de transformer la musique traditionnelle en mode Jazz. Louis Armstrong, Hank Jones, Cyrus Chestnut, et plusieurs autres ont mis des « Spirituals » et de la musique Gospel en mode Jazz. Le musicien James Ward a composé de nouvelles musiques, avec une orientation davantage Jazz pour des hymnes comme « O for a Thousand Tongues, » et (le très beau et populaire) « Rock of Ages. » Le groupe Jazz auquel j’appartiens a écrit quelques pièces spéciales pour l’église. Mais la plupart du travail reste à faire. Il y a une tonne de musique
Gospel-Jazz à découvrir, et il n’y a pas de doute qu’il y en a encore beaucoup à être composé. Bien que ce genre soit simplement un parmi tant d’autres qui ont beaucoup de potentiel pour le renouveau de l’église, il est particulièrement prometteur. Après tout, il est sorti de l’expérience chrétienne d’un peuple qui a connu une misère profonde et une grande espérance, et ce, d’une façon que peu d’autres possèdent.

Version PDF de cet article

William Edgar est professeur d’Apologétique au Séminaire Théologique de Westminster. Cet article a été traduit et réimprimé avec la permission du magazine Worship Leader. Si vous êtes intéressé à vous abonner à Worship Leader, S.V.P. appeler 1-800-286-8099. Visitez leurs sites internet à www.worshipleader.com et www.songdiscovery.com.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *