On a découvert que, dès avant sa naissance, l’enfant est sensible à la musique. Quand le bébé réentend le morceau que sa mère jouait lorsqu’elle l’attendait, il se calme (Sélection 7. 1984 p.17).
On a enregistré les réactions des fœtus à l’audition de diverses musiques par la mère. Ces réactions sont très différentes suivant le genre. Les nouveau-nés aussi réagissent tout autrement à la musique classique et au rock.
Ceux qui sont élevés dans une atmosphère musicale témoignent généralement très tôt leur intérêt pour la musique. Beaucoup de génies ont grandi dans des familles de musiciens. L’amour de la musique est l’un des plus beaux cadeaux que nous puissions faire à nos enfants, un cadeau qui leur réserve pour l’avenir des joies nombreuses et pures.
Si nous leur apprenons tôt à chanter, ils rechercheront plus tard des occasions de le faire avec d’autres.
Quels sont nos objectifs ?
1. Fournir aux enfants un moyen d’exprimer leur foi.
La plupart des enfants mis au contact de l’Évangile acceptent son message avec joie et simplicité de cœur – ce qui ne les empêchera pas plus tard de remettre leur option en question soit pour la confirmer, soit pour la répudier. En attendant, cette foi enfantine est réelle ; nous devons la prendre au sérieux et lui fournir des moyens d’expression adéquats. Les exhortations de la Parole de Dieu (Psaumes 33:2-3; 66:1-2; 81:2-3) s’adressent aussi aux enfants, ils
peuvent aussi célébrer l’Éternel de leurs voix et de leurs instruments. Aux sacrificateurs et aux scribes qui s’indignaient d’entendre des enfants crier (ou chanter ? ) « Hosanna au Fils de David », Jésus répondit en citant le Psaume 8: « N’avez-vous jamais lu ces paroles : Tu as tiré des louanges des enfants et de ceux qui sont à la mamelle ? » (Matthieu 21:16-17).
2. Leur donner une assise chrétienne solide en permettant aux paroles de se graver dans la mémoire
Ce qui est appris tout jeune reste fixé pour tous les âges. Qui sait dans quelles circonstances Dieu pourra utiliser tel cantique enregistré par la mémoire enfantine pour faire revenir à lui l’adulte qui s’en sera éloigné. Des vieillards oublient ce qu’ils ont fait la veille, mais ils pourraient encore réciter sans faute toutes les strophes mémorisées dans leur enfance. Une strophe de cantique fut un jour pour moi une bouée à laquelle ma foi s’est accrochée. Un terrible
bombardement avait été déclenché vers la fin de la guerre aux abords de Mulhouse. Mais pendant que les engins explosaient partout autour de moi, seules les paroles d’un cantique résonnaient dans ma tête et venaient spontanément sur ma bouche :
« Vois, partout le mal augmente, II redouble son effort ;
Il déchaîne la tourmente,
C’est la ruine et c’est la mort. Mais c’est Dieu le Roi, le Maître ; Il dissipera la nuit.
Tu verras l’espoir renaître Si ta foi s’attache à lui. »
3. Cultiver le plaisir de chanter.
A moins d’avoir subi une influence contraire, l’enfant aime naturellement chanter. Après avoir fait chanter des centaines d’enfants, je ne me souviens pas d’en avoir rencontré un seul qui aurait préféré une autre occupation. Avec un bon quart d’heure de chant quotidien, ils apprenaient facilement chaque année, une cinquantaine de chants par cœur. Le chant crée une atmosphère de joie dont l’enfant a besoin pour s’épanouir. Chanter ensemble donne, de plus, un sentiment d’unité qui sécurise.
4. Mettre en valeur les dons musicaux particuliers.
Tous les grands musiciens ont été formés dès leur plus jeune âge. L’église de demain accordera certainement une place plus importante à la musique que celle d’aujourd’hui. Elle aura besoin d’hommes et de femmes au goût musical sûr possédant une compétence technique solide. L’enfant qui aime chanter ou jouer d’un instrument acceptera plus volontiers les servitudes d’une formation. Les réunions d’enfants permettent de détecter ceux qui sont doués
et de les encourager à cultiver leurs dons.
Deux musiciens chrétiens très connus m’ont dit qu’ils ont grandi dans un foyer où musique et foi étaient associées. Cela leur a évité plus tard le grave dilemme auquel beaucoup de musiciens se trouvent confrontés au moment de leur conversion : Dieu ou la musique (devenue une idole).
Faire de la musique est une occupation utile des loisirs de l’enfant : elle stimule sa créativité, fixe son attention, entraîne sa mémoire, affine son goût et lui prépare une source de joies futures et de service apprécié. Celui qui sait jouer d’un instrument sera moins tenté de se contenter d’écouter passivement des disques.
5. Encourager la variété des styles musicaux.
L’enfant est plus accessible que les adultes à des styles très divers. Si nous voulons renouveler les genres musicaux dans l’église, il faut commencer avec les enfants, les initier aux rythmes et aux intervalles inusités dans les cantiques d’autrefois. Depuis toujours, on a d’ailleurs toléré une plus grande variété dans les « cantiques d’enfance et de jeunesse » et ce qui, hier, était réservé à cette catégorie de chrétiens, est devenu le bien de tous.
Mais, en même temps, ne négligeons pas de cultiver leur sens esthétique. Les enfants savent reconnaître naturellement ce qui est beau. Développons ce sens inné en leur offrant des cantiques bien faits, des musiques de qualité, en exigeant d’eux un chant harmonieux, une exécution instrumentale soignée. Parce que ce sont des enfants, à cause de leur charme et de leur spontanéité, on a tendance à accepter n’importe quoi de leur part, à pardonner leur à-peu-près. C’est leur rendre un mauvais service. Ils sont capables d’autre chose. Leur demander de viser une certaine perfection ne signifie nullement les brimer. Cela peut se passer dans une atmosphère dynamique d’encouragements, de stimulation qu’ils vivent plus facilement et plus naturellement que les adultes. Un peu de créativité et de patience, et vous partagerez leur enthousiasme.
6. Constituer un répertoire adapté aux enfants.
Nous parlerons plus loin des conditions musicales d’un chant pour enfants. Soulignons ici l’importance de textes adaptés à l’expérience religieuse réelle des jeunes années. Les « cantiques d’écoles du dimanche » d’antan étaient souvent des cantiques d’adultes aux mélodies faciles mais dont les paroles ne disaient rien aux enfants. On connaît l’histoire de ce garçon revenant tout fier le dimanche: « Papa, maintenant je sais comment s’appelle la femme du Bon
Dieu. – Comment ? – Clémence ! – Oui, nous avons chanté : « Daigne écouter avec clémence un pauvre humain faible et pécheur » – ou de cet autre qui se demandait pourquoi les adultes étaient si compliqués et qu’au lieu de chanter » Quinze géographes « , ils disaient : « Trois fois cinq géographes » (Trois fois saint Jéhovah).
Par contre, il faut se garder aussi de trop infantiliser les chants destinés aux enfants : ceux-ci n’aiment pas les petits choeurs « bébêtes », ils veulent « grandir » et apprendre quelque chose qui dépasse un peu leur âge – avec des explications appropriées.
Heureusement, de louables efforts ont été faits au cours de ces décennies passées pour constituer un répertoire d’excellents chants adaptés aux enfants de différents âges (S. et H. Grandjean: Mon cœur te chante, Mes chants préférés, Si tu chantais, Chante avec les musiciens (Maison de la Bible), La Bible en chansons (Media, Neuchâtel 1979), Chantons avec Grand frère Pierre (La Croisade des enfants, Genève s.d.)
7. Apporter aux adultes un témoignage évangélique
Dans beaucoup de pays, la seule possibilité de faire connaître l’Évangile aux adultes passe par les enfants. Les parents ne viendraient jamais à une réunion d’évangélisation, mais ils ne s’opposent pas à ce que leurs enfants fréquentent un « Club de la lampe d’or », fassent partie des « Flambeaux » ou des « Claires Flammes » ou assistent à une autre réunion pour enfants. Les histoires qu’ils leur rapportent de ces rencontres peuvent les laisser indifférents, mais rares sont les pères et mères qui resteront insensibles devant la fraîcheur d’un enfant chantant sa foi. Même le farouche Idi Amin Dada, le cruel dictateur de l’Ouganda, était touché lorsque ses fillettes revenant de l’école chrétienne lui chantaient : « Si tu veux le bonheur, le vrai bonheur, laisse entrer Jésus dans ton cœur. Tes péchés il efface, il te fera la grâce de transformer ton être entier, de régner sur ton cœur ». À quel évangéliste aurait-il permis de prononcer de telles paroles devant lui ? Les chants des enfants lors de diverses fêtes donnent une excellente
occasion de contacts et d’annonce de l’Évangile.
Les caractéristiques d’un bon chant pour enfants
D’après ce qui a été dit plus haut, on ne saurait choisir avec trop de soin les chants que l’on apprend aux enfants. Ses qualités essentielles seront :
- une mélodie facile, simple à retenir, sans intervalles difficiles ou arrêts inattendus,
- un rythme dynamique, pas trop complexe, souligné par des battements de mains lorsque le genre s’y prête,
- une harmonie non sophistiquée pour ne pas embrouiller,
- un texte clair, précis, adapté à l’expérience de l’enfant.
Les textes bibliques chantés offrent sous ce rapport des avantages certains (contenu sûr, mémorisation des textes de l’Écriture, renforcement mutuel, lecture de la Bible et chant, pouvoir unique de la Parole de Dieu. Adapter le chant à l’âge, à la maturité spirituelle, à l’arrière-plan culturel et à l’enseignement que l’on veut inculquer.
Comment apprendre un chant aux enfants (et aux autres)
- Que l’animateur soit enthousiaste et sûr de lui. L’hésitation et le manque d’entrain se sentent et sont contagieux.
- Chanter d’abord le chant en entier, avec ou sans instruments, ou le faire écouter sur disque ou cassette (surtout si l’on n’est pas sûr de bien le savoir). La guitare et les petits orgues portatifs offrent le grand avantage de pouvoir chanter en s’accompagnant, tout en regardant son public en face.
- Découper le chant en phrases courtes que l’on fait répéter. Éventuellement dissocier rythme et mélodie et apprendre d’abord le premier en le faisant battre des mains.
- Marquer au tableau quelques mots-repères que l’on effacera progressivement. Tabler beaucoup sur la mémoire prodigieusement réceptive à cet âge.
- Faire chanter à deux ou trois pour repérer les endroits peu sûrs.
- Encourager les enfants à participer avec des instruments à percussion.
- Ajouter pour les petits des gestes qui facilitent l’expressivité et la mémorisation.
- Alterner garçons – filles, solistes – tous, unisson – chant à 2 à 3 voix, a capella – accompagnement.
- Ne pas lasser, ni vouloir que tout le chant soit su de suite. Y revenir souvent.
- Multiplier les occasions pour répéter les chants appris.
- Associer les enfants à l’apprentissage de nouveaux chants (« Qui veut apprendre un chant aux autres ? »)
- Initier tôt les enfants au solfège pour leur ouvrir la possibilité d’apprendre des chants par eux-mêmes.
Cet article a été reproduit avec la permission de M. Alfred Kuen et de M. Charles Eberli. C’est le chapitre 7 du livre “Oui à la musique” (ISBN 2-2827- 0031-3) des Éditions Emmaüs, C.P. 68, CH – 1806 St-Légier. Tous droits réservés. Ce livre est épuisé.