Le culte à l’ère numérique

Le culte à l’ère numérique

Qu’est-ce que la dépendance vis-à-vis de la technologie signifie pour nous?

Partout, la technologie est rapidement devenue le conduit principal à travers lequel nous vivons nos vies. Considérez ces statistiques venant des États-Unis. Près de 50 % des américains possèdent un téléphone cellulaire. Deux tiers possèdent un ordinateur personnel. 45 % regardent simultanément la télévision et utilisent leur ordinateur. Sept américains s’abonnent à internet à chaque seconde. Si vous n’êtes pas encore convaincu, vous êtes peut-être aveugle, lisez ce populaire courriel qui est diffusé partout :

Huit signes qui montrent que la technologie a une emprise sur votre vie :

  1. Vous avez une liste de 15 numéros de téléphone pour rejoindre les 3 autres membres de votre famille
  2. Vous laissez un message sur le paget de votre fils pour lui laisser savoir qu’il est temps de venir à table. Il vous envoie un courriel à partir de sa chambre pour savoir, « qu’est-ce qu’il y a pour dîner? »
  3. Votre fille vend des boîtes de biscuits pour les guides (filles scouts) à l’aide de son site internet.
  4. Vous discutez par chat plusieurs fois par jour avec un étranger d’Afrique du sud, mais vous n’avez pas parlé à votre voisin d’à côté une seule fois cette année.
  5. Votre grand-mère vous demande de lui envoyer une photo numérique sous format « jpeg » de votre nouveau bébé de façon à ce qu’elle puisse créer un écran de veille (screensaver).
  6. Vous entrez dans votre propre entrée de garage et utilisez votre téléphone cellulaire pour savoir s’il y a quelqu’un à la maison
  7. Vous remarquez l’adresse internet au bas de chaque publicité à la télévision.
  8. Vous avez 600 fichiers de musique mp3 qui remplissent le disque dur de votre ordinateur (en dépit des problèmes de Napster).

De telles dépendances concernant nos jouets digitaux peuvent être déprimantes, toutefois, les bénéfices nous empêchent évidemment de revenir en arrière. Autrefois, durant nos moments sans technologie et plus tranquilles (si jamais nous en avons eu), nous nous demandions ce que serait notre futur. Pouvons-nous encore aller en vacances sans notre ordinateur portatif? Pensez seulement à la montagne de courriels que nous répondons pour le savoir. On a pas besoin d’y réfléchir longtemps. L’ordinateur portatif va de soi. Une chose est sûre : nous ne sommes pas seuls dans notre relation d’amour/haine avec les croustilles, la fibre optique et les ordinateurs. Plusieurs sociologues et observateurs de la culture sont d’accord. Durant notre vie, le sujet de la nature profonde de l’existence est grandement soulevé. La question demeure : est-ce que la technologie va améliorer la qualité de la vie humaine sur cette planète, ou est-ce qu’elle va nous altérer à un tel point que nous ne serons plus des humains?

Une partie de moi bouille à l’intérieur en réponse à l’accusation que la technologie est un problème. Selon l’auteur du « Clue Train Manifesto » (Perseus, 2000), « nous allons sur internet pour rencontrer d’autres personnes ». Mon voisin isolé de 70 ans passe maintenant plusieurs heures par jour à jouer sur internet avec 2 étudiants du Canada et une infirmière d’Atlanta. Comme résultat, ses aptitudes sociales ont augmenté de façon exponentielle. Le mois passé, un adolescent dans notre région envoyé un message instantané à huit de ses amis à propos de la crise familiale que vivait un autre de ses amis, et un suicide potentiel a été évité. Puis, il y a mon téléphone cellulaire. Étant donné que je voyage beaucoup et que je suis la mère célibataire d’une fille de 16 ans, je dois demeurer en contact. Anna et moi parlons plusieurs fois par jour, discutant de tout, à partir de son dernier méga-travail que lui a demandé son professeur d’anglais, des pratiques de danse pour le spectacle, jusqu’au développement vocal de notre perroquet, Emmett. Si nous avions des téléphones vidéo, nous les utiliserions. La première chose que je lui demanderais serait : « alors, comment a l’air réellement ta chambre? » Et finalement, nous parlons des films. Après avoir vu la captivante et magnanime Vianne interprétée par Juliette Binoche dans le film Chocolat, j’ai été inspirée à faire ce qu’aucun sermon n’avait réussi à faire en 15 ans : faire un pain aux bananes et l’apporter à mes voisins pakistanais. Ils ont été tellement surpris qu’ils m’ont demandé si j’allais bien. Après les avoir rassuré que j’étais toujours saine d’esprit, nous nous sommes assis dans le salon, avons bu de la tisane et parlé pendant trois heures. Étonnant. Ne doit-il pas y avoir un programme d’évangélisation pour cela?

Toutefois, le monde numérique a ses limitations. Considérez mon dernier périple à l’épicerie. Tout ce dont j’avais besoin était du lait. Mais à la caisse, je me suis mise dans la ligne de surveillance électronique derrière le seul adulte dans mon comté qui n’avait jamais essayé d’opérer un comptage automatique. Imaginez, il avait 27 articles et nous étions dans la « ligne rapide et informatisée d’auto-vérification des 10 articles et moins ». J’ai essayé de ne rien laisser paraître. Vraiment, j’étais tout près de verser mon lait dans son chariot. Mais sa situation fâcheuse devenait ma situation fâcheuse à chaque seconde qui passait. Je devais faire quelque chose. Cet homme était de toute évidence stressé. Chaque fois que l’ordinateur faisait entendre une sonorité d’erreur (bip!), il regardait en arrière vers moi et souriait légèrement, peignait sa chevelure aplatie, et tirait sur son manteau sport bleu qui était deux tailles trop petit pour lui. Oh, où est le commis quand on a besoin de lui?

Maintenant, il y avait une ligne derrière moi de 5 personnes. J’ai fait le plongeon. « Hmm, je crois que cela fonctionnerait mieux si vous mettiez vos articles ayant été balayés par le capteur dans le sac et ne les remettiez pas dans le chariot. » J’étais à peu près certaine que c’était le problème. La technologie peut être formidable, mais ce n’est pas un substitut pour un coup de main. Même si cette aide est motivée de façon égoïste, comme par exemple de devoir arriver à une conférence parent-professeur dans 5 minutes.

L’inaptitude technologique peut être embarrassante, mais la compétence technologique peut être carrément dangereuse. Dans une entrevue récente avec le journal The Silicon Valley News, Tom Mahon, un auteur et gourou technologique, trace un portrait presque évangélique au sujet des imperfections de la technologie. Tom Mahon dit : « la technologie numérique est puissante et souvent bénéfique. Mais ce n’est pas un choix de style de vie. Nous avons besoin d’une autre fondation plus durable. Nous pouvons maîtriser le quantum, le gène et le bit. Nous pouvons manipuler le monde aux niveaux les plus fondamentaux, mais nous exerçons ces pouvoirs divins sans le sens des responsabilités qui vient de Dieu. »


L’odyssée technologique

Quel épisode qui tombe à point pour l’année 2001! Le conte de Stanley Kubrick au sujet de Hal, l’unité centrale malveillante dans le film « 2001 : l’odyssée de l’espace », n’a jamais semblé aussi prophétique. Vraiment, notre technologie menace de nous rattraper. Il y a quelques mois, la première page d’un magazine a attiré mon attention. « Quelqu’un clonera un être humain durant la prochaine année. » Maintenant, il semble que l’Italie est dans la course pour être la première à franchir la barrière. La nanotechnologie, la physique quantique devenue pratique, est en train de créer des machines moléculaires qui portent des responsabilités complexes à l’intérieur d’organismes vivants. Le laboratoire Media du MIT (Massachusetts Institute of Technology) nous donne des applications robotiques qui ne font pas seulement anticiper nos choix, mais qui parlent librement un à l’autre. Bientôt, nous aurons des lentilles cornéennes qui vont montrer des courriels et des pages internet. Et nous nous imaginons que recevoir les courriels à l’aide d’un téléphone cellulaire est sensationnel.

Où est-ce que le monde s’en va? Les auteurs John and Nana Naisbitt ont des doutes que cela s’en aille pour le mieux, à moins que nous ne fassions un pas de géant en arrière et qu’on examine notre relation avec la machinerie que nous avons créée. Leur livre « Haute technologie, Grande influence » (High Tech, High Touch), publié par Broadway en 1999, lance un cri d’alarme à propos de l’impact qu’a la technologie sur nos vies. Selon les Naisbitts, la famille humaine a entré dans une « zone d’intoxication technologique » qui « compresse notre esprit humain » et « intensifie notre recherche pour comprendre ».

La question des effets de la technologie sur ce que cela signifie d’être humain est sérieuse en ce qui a trait au culte. S’il y a une place où nous devrions être parfaitement humains, c’est dans notre rencontre avec Dieu. Romains 12:1 nous demande de présenter littéralement nos corps, tout notre être, comme un sacrifice vivant à Dieu (Romains 12:1 – Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable). Rien ne doit être laissé en arrière, rien ne doit être retenu. L’adoration somptueuse de Marie à Jésus est un exemple de cette réponse sacrificielle (Matthieu 26 : 6 à 12 – Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, une femme s’approcha de lui, tenant un vase d’albâtre, qui renfermait un parfum de grand prix; et, pendant qu’il était à table, elle répandit le parfum sur sa tête.

Les disciples, voyant cela, s’indignèrent, et dirent : A quoi bon cette perte? On aurait pu vendre ce parfum très cher, et en donner le prix aux pauvres. Jésus, s’en étant aperçu, leur dit : Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme? Elle a fait une bonne action à mon égard; car vous avez toujours des pauvres avec vous, mais vous ne m’avez pas toujours. En répandant ce parfum sur mon corps, elle l’a fait pour ma sépulture.) Elle n’a pas simplement répandu un parfum dispendieux sur les pieds de Jésus, elle a défait ses cheveux (ce qui était scandaleux selon la tradition juive) et l’a utilisé pour répandre le parfum sur la peau rugueuse de Jésus. C’est une adoration extrême, aussi humaine qu’il est possible. Et à ce jour, son acte nous appelle à aller au-delà de la passivité, au-delà d’une connexion occasionnelle à un culte sans gène. Peut-être que c’est la raison pour laquelle Jésus a déclaré « Je vous le dis en vérité, partout où cette bonne nouvelle sera prêchée, dans le monde entier, on racontera aussi en mémoire de cette femme ce qu’elle a fait » (Matthieu 26 : 13).

Dans Ésaïe au chapitre 6, nous avons une fenêtre en 3 dimensions sur la magnificence de Dieu. Ésaïe a vu seulement les pans de la robe de Dieu, la seule partie qui peut convenir à un tel endroit terrestre. Parmi les plis de la robe, des séraphins ayant 6 ailes volaient à travers la fumée dense, criant la gloire de Dieu avec des voix retentissantes qui ébranlaient la terre. Combien cela aurait été facile de manquer la réponse vulnérable et de nature fragile d’Ésaïe : « Malheur à moi! Je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l’Éternel des armées. » (Ésaïe 6:5).

Les limitations technologiques

Mark Driscoll, le pasteur de l’église Mars Hill à Seattle, Washington (USA) est sceptique à propos des bénéfices de la technologie durant le culte. Il admet, « la moitié des gens de mon église travaillent pour Microsoft et se fâchent en utilisant un Pentium 4 parce que cela est trop lent. Un de mes membres fait l’animation vidéo pour les nouvelles publicités de Reebok et Nike. Il a un écran LCD de 10 000 $ US dans son bureau, un à la maison, un comme copie de sauvegarde, et un ordinateur portatif pour la route et ce, pour aucune autre raison que parce qu’il aime regarder des films. Il travaille sur un programme et un système qui coûte plus d’un million de dollars. En définitive, nous n’avons pas les moyens d’essayer et de nous tenir à jour. Alors, nous préférons demeurer à l’ancienne mode. Je choisis la poésie verbale, la danse, le silence, la méditation, la lecture et un sermon théologique d’une durée d’une heure, plutôt que beaucoup de bébelles. Kierkegaard dit que si nous devions prescrire un remède pour le monde entier, cela serait de demander à chacun de s’asseoir dans leur propre chambre en silence. Dieu parle plus fort dans son absence. »

Quand Mark Driscoll utilise de la technologie, voici sa philosophie directrice : « tout doit être une fenêtre qui révèle Dieu. La technologie, comme un programme ou un directeur, peut devenir une idole qu’on regarde plutôt qu’une fenêtre à travers laquelle on regarde. Je dirais que la génération moderne regarde à la technologie et que la génération postmoderne regarde à travers elle. »

On peut penser que Mark Driscoll reste pris sur des questions de sémantique, mais c’est une question sérieuse, une question que nous devons envisager. Regardez-vous à la technologie ou regardez-vous à travers elle?

Pas nécessairement authentique

C’est plutôt une question à savoir « qu’est-ce que la louange? » Parce que si le culte est de façon finale une vitrine humaine de toutes les choses amusantes que nous pouvons créer de semaine en semaine, alors nous avons simplement confirmé les conclusions de l’épître aux Romains au chapitre 1 (cela nous concerne entièrement) et Dieu nous livrera à notre propre folie. Mais si le culte doit exalter le Seul qui est bon, le Seul qui est digne de nos louanges, le Seul qui est capable d’effectuer des transformations, alors n’importe qu’elle technologie que nous utilisons va le refléter.
La question des intentions est critique pour Mark Pierson, pasteur de l’église baptiste Cityside en Nouvelle-Zélande et co-auteur du « Prodigal Project ». « Il me semble qu’au coeur de la culture qui émerge, il y a une faim pour la communauté et pour les relations humaines. N’importe quel groupe qui néglige la voie technologique du divertissement va manquer le but à moins de bâtir sur les relations et une participation significative. Je
crois que ce sont les valeurs centrales pour le futur de l’adoration dans son sens le plus large. J’aime la technologie, mais ce n’est qu’un outil. Un moyen pour atteindre une finalité. C’est seulement un manque constant d’argent qui a gardé mes pieds au sol. Mais le manque de ressources m’a aussi amené à travailler fort au contenu et à la raison pour laquelle je fais les choses avant de décider quelle forme de communication va mieux le communiquer. Quelques-uns uns des artifices que j’ai utilisés pour le culte ont été des choses extrêmement simples. »

Des rencontres authentiques avec Dieu ont toujours impliqué la découverte, la découverte de ce que Dieu est et de ce que nous sommes en comparaison. Ces découvertes peuvent être encourageantes et vivifiantes. Ces découvertes sont transformatrices. Nous avons besoin de lire à nouveau le psaume 51 : 15 à 17, « Seigneur! Ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera ta louange. Si tu eusses voulu des sacrifices, je t’en aurais offert; mais tu ne prends point plaisir aux holocaustes. Les sacrifices qui sont agréables à Dieu, c’est un esprit brisé : ô Dieu! Tu ne dédaignes pas un coeur brisé et contrit. »

La bonne nouvelle est que, si nous choisissons cette position d’humilité avec nos « jouets du culte », si nous commençons réellement à saisir les juxtapositions inhérentes de n’importe quel acte authentique d’adoration (humain/divin, mondain/saint, limité/infini, dépravé/racheté), il deviendra assez difficile pour nous de faire les choses comme d’habitude. Il sera plus difficile pour nous d’utiliser des vidéo clips simplement parce qu’ils sont à la mode ou parce qu’ils font que les gens rient ou pleurent au bon moment. La question n’est pas si oui ou non ces machines peuvent faciliter l’application de Romains 12:1, nous aider à suivre l’exemple de Marie ou de vivre l’expérience de Ésaïe chapitre 6. La question est à savoir si nous voulons que ces machines nous aident ou non.

Sally Morgenthaler est l’auteur de « Worship Evangelism » (Eerdmans, 1998) et une conférencière appréciée. Cet article a été traduit et réimprimé avec la permission du magazine Worship Leader. Si vous êtes intéressé à vous abonner à Worship Leader, S.V.P. appeler 1-800-286-8099. Visitez leurs sites internet à www.worshipleader.com et www.songdiscovery.com.

Version PDF de l’article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *